Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/153

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ractère habituel, vous en donnent souvent l’air. C’est là votre seul défaut ; et ce défaut est grave, parce qu’il fait autant de mal aux autres que s’ils étaient réellement les objets de votre raillerie. » Ce reproche m’a touchée. J’ai tendrement embrassé mon mari, en l’assurant qu’il ne me reprocherait pas deux fois un tort qui l’afflige. Il m’a serrée dans ses bras. J’ai vu des larmes dans les yeux de Frédéric : cela m’a émue. Je lui ai tendu la main en lui demandant pardon ; il l’a saisie avec vivacité, il l’a baisée, j’ai senti ses pleurs… En vérité, Élise, ce n’était pas là un mouvement de politesse. M. d’Albe a souri. « Pauvre enfant, m’a-t-il dit, comment se défendre de l’aimer, si naïf et si caressant ! Allons, ma Claire, pour cimenter votre paix, menez-le promener vers ces forêts qui dominent la Loire. Il retrouvera là un site de son pays. D’ailleurs, il faut bien qu’il connaisse le séjour qu’il doit habiter. Pour aujourd’hui j’ai des lettres à écrire. Nous travaillerons demain, jeune homme. »