Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/159

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connu de nos jours, de sortir de ses lèvres telle que la pensée la conçoit. La vérité n’est pas au fond du puits, mon Élise : elle est dans le cœur de Frédéric.

Cette après-midi nous étions seuls, je tenais ma fille sur mes genoux, et je cherchais à lui faire répéter mon nom. Ce titre de mère m’a rappelé ce qui s’était dit la veille, et j’ai demandé à Frédéric pourquoi il donnait le nom de père à M. d’Albe. « Parce que j’ai perdu le mien, a-t-il répondu, et que sa bonté m’en tient lieu. — Mais votre mère est morte aussi, il faut que je devienne la vôtre. — Vous ? Oh ! non. — Pourquoi donc ? — Je me souviens de ma mère, et ce que je sentais pour elle ne ressemblait en rien à ce que vous m’inspirez. — Vous l’aimiez bien davantage ? — Je l’aimais tout autrement ; j’étais parfaitement libre avec elle : au lieu que votre regard m’embarrasse quelquefois. Je l’embrassais sans cesse… — Vous ne m’embrasseriez donc pas ? — Non : vous êtes beaucoup trop jolie. — Est-ce une raison ? — C’est au