Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/160

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moins une différence. J’embrassais ma mère sans penser à sa figure ; mais auprès de vous je ne verrais que cela. » Peut-être me blâmeras-tu, Élise, de badiner ainsi avec lui ; mais je ne puis m’en empêcher : sa conversation me divertit, et m’inspire une gaieté qui ne m’est pas naturelle ; d’ailleurs mes plaisanteries amusent M. d’Albe, et souvent il les excite. Cependant, ne crois pas pour cela que j’aie mis de côté mes fonctions moraliste ; je donne souvent des avis à Frédéric, qu’il écoute avec docilité et dont il profite ; et je sens qu’outre le plaisir qu’éprouve M. d’Albe à me voir occupée de son élève, j’en trouverai moi-même un bien réel à éclairer son esprit sans nuire à son naturel, et à le guider dans le monde en lui conservant sa franchise.

Non, mon Élise, je n’irai point passer l’hiver à Paris. Si tu y étais, peut-être aurais-je hésité, et j’aurais eu tort ; car mon mari, tout entier aux soins de son établissement, ferait un bien grand sacrifice en s’en éloignant. Frédéric nous sera