Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/163

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l’exerce, plus elle devient chère : c’est comme deux amis qui s’aiment mieux à mesure qu’ils se connaissent davantage. Il est aussi un art de la rendre facile, et ce n’est pas à Paris qu’il se trouve. Du fond de nos hôtels dorés, qu’il est difficile d’apercevoir la misère qui gémit dans les greniers ! Si la bienfaisance nous soulève de nos fauteuils, combien d’obstacles nous y replongent ! Au milieu de cette foule de malheureux qui fourmillent dans les grandes villes, comment distinguer le fourbe de l’infortuné ? On commence par se fier à la physionomie ; mais bientôt revenu de cet indice trompeur, pour avoir été dupe des fausses larmes, on finit par ne plus croire aux vraies. Que de démarches, de perquisitions, ne faut-il pas pour être sûr de ne secourir que les vrais malheureux ! En voyant leur nombre infini, combien l’âme est tristement oppressée de ne pouvoir en soulager qu’une si faible partie ! et, malgré le bien qu’on a fait, l’image de celui qu’on n’a pu faire vient troubler notre satisfaction. Mais