Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/18

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J.-J. Rousseau s’exprime, dans Émile, sur le compte des femmes en particulier : « Il ne convient pas, dit-il, à un homme qui a de l’éducation, de prendre une femme qui n’en ait point, ni par conséquent dans un rang où l’on ne saurait en avoir. Mais j’aimerais encore cent fois mieux une fille simple et grossièrement élevée, qu’une fille qui viendrait établir dans ma maison un tribunal de littérature dont elle se ferait la présidente. Une femme bel-esprit est le fléau de son mari, de ses enfans, de ses amis, de ses valets, de tout le monde. De la sublime élévation de son beau génie, elle dédaigne tous les devoirs de femme, et commence toujours par se faire homme à la manière de mademoiselle Lenclos. Au dehors elle est toujours ridicule et très-justement critiquée, parce qu’on ne peut manquer de l’être aussitôt qu’on sort de son état, et qu’on n’est point fait pour celui qu’on veut prendre. Toutes ces femmes à grands talens n’en imposent qu’aux sots. On sait toujours quel est l’artiste ou l’ami qui tient la plume ou le pinceau, quand elles travaillent ; on sait quel est le discret homme de lettres qui leur dicte en secret leurs oracles. Toute cette charlatanerie est indigne d’une honnête femme. Quand elle aurait de vrais talens, sa préten-