Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/19

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tion les avilirait. Sa dignité est d’être ignorée ; sa gloire est dans l’estime de son mari ; ses plaisirs sont dans le bonheur de sa famille. Lecteur, je m’en rapporte à vous-même : soyez de bonne foi. Lequel vous donne meilleure opinion d’une femme, en entrant dans sa chambre, lequel vous la fait aborder avec plus de respect, de la voir occupée des travaux de son sexe, des soins de son ménage, environnée des hardes de ses enfans, ou de la trouver écrivant des vers sur sa toilette, entourée de brochures de toutes sortes, et de petits billets peints de toutes les couleurs ? Toute fille lettrée restera fille toute sa vie, quand il n’y aura que des hommes sensés sur la terre. »

« Quæris cur nolim te ducere, quia diserta est. »

Ce langage sévère, sans doute, n’était pas fait pour plaire aux femmes ; « mais peu m’importe, disait Jean-Jacques, si je les force à m’estimer. »

Si nous cherchons dans Montaigne ce qu’il a écrit sur les femmes qui se livrent aux sciences et à la littérature, nous trouvons qu’il ne les traite pas plus favorablement que le philosophe de Genève. « Si les bien nées me croient,