Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/200

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ai consenti avec plaisir, afin de l’offrir à mon mari. Ce matin, comme elle y travaillait, Frédéric est venu nous joindre. Il a regardé son ouvrage et a loué son talent, mais avec un demi-sourire qui n’a point échappé à Adèle, et dont elle a demandé l’explication. Sans l’écouter ni lui répondre, il a continué à regarder le portrait, et puis moi, et puis le portrait, ainsi alternativement. Adèle, impatiente, a voulu savoir ce qu’il pensait. Enfin, après un long silence : « Ce n’est pas là madame d’Albe, a-t-il dit, vous n’avez pas même réussi à rendre un de ses momens. — Comment donc, a interrompu Adèle en rougissant, qu’y trouvez-vous à redire ? Ne reconnaissez-vous pas tous ses traits ? — J’en conviens, tous ses traits y sont ; si vous n’avez vu que cela en la regardant, vous devez être contente de votre ouvrage. — Que voulez-vous donc de plus ? — Ce que je veux ? qu’on reconnaisse qu’il est telle figure que l’art ne rendra jamais, et qu’on sente du moins son insuffisance. Ces beaux cheveux