Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/206

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était superbe ; les prairies, fraîches, émaillées, remplies de nombreux troupeaux, offraient le paysage le plus charmant ; je le contemplais en silence, en suivant doucement le cours de la rivière, quand un bruit extraordinaire est venu m’arracher à mes rêveries. Je me retourne : ô Dieu ! un taureau échappé, furieux, accourait vers nous, vers mon fils ! Je m’élance au-devant de lui, je couvre Adolphe de mon corps. Mon action, mes cris effraient l’animal ; il se retourne, et va fondre sur un pauvre vieillard. Enfin, mon mari aussi allait être sa victime, si Frédéric, prompt comme l’éclair, n’eût hasardé sa vie pour le sauver. D’une main vigoureuse il saisit l’animal par les cornes : ils se débattent ; cette lutte donne le temps aux bergers d’arriver ; ils accourent, le taureau est terrassé : il tombe ! Alors seulement j’entends les cris d’Adèle et ceux du malheureux vieillard ; j’accours à celui-ci : son sang coulait d’une épouvantable blessure ; je l’étanche avec mon mouchoir : j’appelle