Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/205

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puis plus douter, Frédéric m’aime. Sens-tu tout ce que ce mot a d’affreux dans notre position ? Malheureux Frédéric ! mon cœur se serre, et je ne puis verser une larme. Ah Dieu ! pourquoi l’avoir appelé ici ? Je le connais, mon amie, il aime, et ce sera pour la vie : il traînera éternellement le trait dont il est déchiré, et c’est moi qui cause sa peine ! Ah ! je le sens ; il est des douleurs au-dessus des forces humaines. Comment te dire tout cela ? Comment rappeler mes idées ? dans le trouble qui m’agite, je n’en puis retrouver aucune. Chère, chère Élise, que n’es-tu ici, je pourrais pleurer sur ton sein !

Aujourd’hui, à peine avons-nous eu dîné, que mon mari a proposé une promenade dans les vastes prairies qu’arrose la Loire. Je l’ai acceptée avec empressement ; Adèle d’assez mauvaise grâce, car elle n’aime point à marcher ; mais n’importe, j’ai dû ne pas consulter son goût quand il s’agissait du plaisir de mon mari. J’ai pris mon fils avec moi, et Frédéric nous a accompagnés. Le temps