Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/208

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air chagrin. — Si je reste ! a-t-il répondu d’un ton terrible, et qui m’a remuée jusqu’au fond de l’âme… Allez, Mademoiselle, a-t-il ajouté plus doucement, allez vous reposer, ce n’est point ici votre place. » Elle est partie avec M. d’Albe. Deux bergers nous ont aidés à faire un brancard, ils y ont placé le pauvre vieillard, que nous avons conduit dans sa chaumière, à une lieue de là. Ah ! mon Élise, quel spectacle que celui de cette famille éplorée ! quels cris déchirans en voyant un père, un mari dans cet état ! J’ai pressé ces infortunés sur mon sein ; j’ai mêlé mes larmes aux leurs ; je leur ai promis secours et protection, et mes efforts ont réussi à calmer leur douleur. Le chirurgien est arrivé au bout d’une heure ; il a mis un appareil sur la blessure, et a assuré qu’elle n’était pas mortelle. Je l’ai prié de passer la nuit auprès du malade, et j’ai promis de revenir les visiter le lendemain. Alors, comme il commençait à faire nuit, j’ai craint que mon