Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mari ne fût inquiet, et nous avons quitté ces bonnes gens, Frédéric et moi, comblés de leurs bénédictions.

Le cœur plein de toutes les émotions que j’avais éprouvées, je marchais en silence, et en me retraçant le dévouement héroïque avec lequel Frédéric s’était presque exposé à une mort certaine pour sauver son père : j’ai jeté les yeux sur lui ; la lune éclairait doucement son visage, je l’ai vu baigné de larmes. Attendrie, je me suis approchée, mon bras s’est appuyé sur le sien, il l’a pressé avec violence contre son cœur : ce mouvement a fait palpiter le mien. « Claire, Claire, a-t-il dit d’une voix étouffée, que ne puis-je payer de toute ma vie la prolongation de cet instant ! je la sens là, contre mon cœur, celle qui le remplit en entier ; je la vois, je la presse. » En effet, j’étais presque dans ses bras. « Écoute, a-t-il ajouté dans une espèce de délire, si tu n’es pas un ange qu’il faille adorer, et que le ciel ait prêté pour quelques instans à la terre ; si tu es réellement une créature hu-