Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/210

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maine, dis-moi pourquoi toi seule as reçu cette âme, ce regard qui la peint, ce torrent de charmes et de vertus qui te rendent l’objet de mon idolâtrie ?… Claire, j’ignore si je t’offense ; mais comme ma vie est passée dans ton sang, et que je n’existe plus que par ta volonté, si je suis coupable, dis-moi : Frédéric, meurs, et tu me verras expirer à tes pieds. » Il y était tombé en effet ; son front était brûlant, son regard égaré. Non, je ne peindrai pas ce que j’éprouvais : la pitié, l’émotion, l’image de l’amour enfin, tel que j’étais peut-être destinée à le sentir, tout cela est entré trop avant dans mon cœur ; je ne me soutenais plus qu’à peine, et me laissant aller sur un vieux tronc d’arbre dépouillé : « Frédéric, lui ai-je dit, cher Frédéric, revenez à vous, reprenez votre raison, voulez-vous affliger votre amie ? » Il a relevé sa tête ; il l’a appuyée sur mes genoux : Élise, je crois que je l’ai pressée, car il s’est écrié aussitôt : « Ô Claire ! que je sente encore ce mouvement de ta main adorée qui me rapproche de