Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/225

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le plus puissant de tes charmes, ce regard que rien ne peut peindre ni définir, il n’appartenait qu’à toi de le posséder : l’imagination même ne pouvait aller jusque-là.

Ma mère avait gravé dans mon âme les plus saints préceptes de morale et le plus profond respect pour les nœuds sacrés du mariage : aussi, en arrivant ici, combien j’étais loin de penser qu’une femme mariée, que la femme de mon bienfaiteur, pût être un objet dangereux pour moi ! J’étais d’autant moins sur mes gardes, que, quoique votre premier regard eût fait évanouir toutes mes préventions, et que je vous eusse trouvée charmante, un souris fin, j’ai presque dit malin, qui effleure souvent vos lèvres, me faisait douter de l’excellence de votre cœur. Aussi n’avez-vous pas oublié peut-être que dans ce temps-là j’osai vous dire plus d’une fois que votre mari m’était plus cher que vous, ce n’est pas que je n’éprouvasse dès lors une sorte de contradiction entre ma raison et mon cœur, et dont je m’étonnais moi-même,