Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/230

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jamais dû entendre, combien j’étais éloigné de penser qu’il dût finir ainsi ! Dès le matin j’avais été parcourir la campagne, et, m’élevant avec une piété sincère vers l’auteur de mon être, je l’avais conjuré de me garantir d’une séduction dont la cause était si belle et l’effet si funeste. Ces élans religieux me rendirent la paix ; il me sembla que Dieu venait de se placer entre nous deux, et j’osai me rapprocher de vous.

De même qu’un calme parfait est souvent le précurseur des plus violentes tempêtes, un repos qui m’était inconnu depuis long-temps avait rempli ma journée. J’acceptai avec empressement la promenade proposée par M. d’Albe, afin de revoir cette nature, dont la bienfaisante influence m’avait été si salutaire le matin : mais je la revis avec vous, et elle ne fut plus la même : la terre ne m’offrait que l’empreinte de vos pas ; le ciel, que l’air que vous respiriez ; un voile d’amour répandu sur toute la nature m’enveloppait délicieusement, et me montrait votre image dans tous les objets que je fixais.