Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/231

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Enfin, Claire, à cet instant où je vous vis prête à sacrifier vos jours pour votre fils, et où je craignis pour votre vie, alors seulement je sentis tout ce que vous étiez pour moi. Témoin de la sensibilité courageuse qui vous fit étancher une horrible blessure, de cette inépuisable bonté qui vous indiquait tous les moyens de consoler des malheureux, je me dis que le plus méprisable des êtres serait celui qui pourrait vous voir sans vous adorer, si ce n’était celui qui oserait vous le dire.

Ce fut dans ces dispositions, Claire, que je sortis de cette chaumière où vous aviez paru comme une déité bienfaisante : la faible lueur de la lune jetait sur l’univers quelque chose de mélancolique et de tendre ; l’air doux et embaumé était imprégné de volupté ; le calme qui régnait autour de nous n’était interrompu que par le chant plaintif du rossignol ; nous étions seuls au monde… Je devinai le danger, et j’eus la force de m’éloigner de vous ; ce fut alors que vous vous approchâtes, je vous sentis