Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes yeux ? Qui ! moi ! j’aimerais ? Tu le penses, et tu me parles encore ? et tu ne rougis pas de ce nom d’amie que j’ose te donner ? Quoi ! sous les yeux du plus respectable des hommes, mon époux, parjure à mes sermens, j’aimerais le fils de son adoption ? le fils que sa bonté a appelé ici, et que sa confiance a remis entre mes mains ? Au lieu des vertueux conseils dont j’avais promis de pénétrer son cœur, je lui inspirerais une passion criminelle ? Au lieu du modèle que je devais lui offrir, je la partagerais !… Ô honte ! chaque mot que je trace est un crime, et j’en détourne la vue en frémissant. Dis, Élise, dis-moi, que faut-il faire ? Si tu m’estimes encore assez pour me guider, soutiens-moi dans cet abîme dont tu viens de me découvrir toute l’horreur ; je suis prête à tout, il n’est point de sacrifice que je ne fasse. Faut-il cesser de le voir, le chasser, percer son cœur et le mien ? je m’y résoudrai, la vertu m’est plus chère que ma vie, que la sienne… L’infortuné ! dans quel état il est ! Il se tait,