Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/239

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il se consume en silence, et pour prix d’un pareil effort, je lui dirai : « Sors d’ici, va expirer de misère et de désespoir ; tu ne voulais que me voir, ce seul bien te consolait de tout, eh bien ! je te le refuse… » Élise, il me semble le voir les yeux attachés sur les miens ; leur muette expression me dit tout ce qu’il éprouve, et tu m’ordonnerais d’y résister ! Quoi ! ne peut-on chérir l’honnêteté sans être barbare et dénaturée, et la vertu demanda-t-elle jamais des victimes humaines ? Laisse, laisse-moi prendre des moyens plus doux ; pourquoi déchirer les plaies au lieu de les guérir ? Sans doute je veux qu’il s’éloigne ; mais il faut que mon amitié l’y prépare ; il faut trouver un prétexte ; le goût des voyages en est un : c’est une curiosité louable à son âge, et je ne doute pas que M. d’Albe ne consente à la satisfaire. Repose-toi sur moi, Élise, du soin de me séparer de Frédéric. Ah ! j’y suis trop intéressée pour n’y pas réussir !

Comment t’exprimer ce que je souffre ?