Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/240

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Adèle est partie hier, et depuis ce moment mon mari, inquiet sur ma santé, me quitte le moins qu’il peut ; il faut que je dévore mes larmes : je tremble qu’il n’en voie la trace et qu’il n’en devine la cause ; il s’étonne de ce que j’interdis ma chambre à tout le monde. « Ma bonne amie, me disait-il tout à l’heure, pourquoi n’admettre que moi et vos enfans auprès de vous ? Est-ce que mon Frédéric vous déplaît ? » Cette question si simple m’a fait tressaillir ; j’ai cru qu’il m’avait devinée et qu’il voulait me sonder. Ô tourmens d’une conscience agitée ! c’est ainsi que je soupçonne dans le plus vrai, le meilleur des hommes, une dissimulation dont je suis seule coupable ; et je vois trop que la première peine du méchant est de croire que les autres lui ressemblent.