Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/242

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« Claire, m’a-t-il dit à demi-voix, et moi aussi, ce n’est plus que là qu’est le mouvement et la vie… Dis-moi, a-t-il ajouté en penchant son visage vers le mien, dis-moi, je t’en conjure, que ce n’est pas la haine qui le fait palpiter ainsi. » Élise, je respirais son souffle, j’en étais embrasée, je sentais ma tête s’égarer… Dans mon effroi, j’ai repoussé sa main, je me suis relevée : « Laissez-moi, lui ai-je dit, au nom du ciel, laissez-moi, vous ne savez pas le mal que vous me faites. » Mon mari est rentré, ses soins m’ont ranimée ; quand j’ai été un peu remise, il m’a exprimé toute l’inquiétude que mon état lui cause. « Je ne vous ai jamais vue si étrangement souffrante. Ma Claire, m’a-t-il dit, je crains que la cause de ce changement ne soit une révolution de lait ; laissez-moi, je vous en conjure, faire appeler quelque médecin éclairé. » Élise, mon cœur s’est brisé, il ne peut soutenir le pesant fardeau d’une dissimulation continuelle ; en voyant l’erreur où je plongeais mon mari, en sentant près de