Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/243

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moi le complice trop aimé de ma faute, j’aurais voulu que la terre nous engloutît tous deux. J’ai pressé les mains de M. d’Albe sur mon front : « Mon ami, lui ai-je répondu, je me sens en effet bien malade ; mais ne me refusez pas vos soins, guérissez-moi, sauvez-moi, remettez-moi en état de consacrer mes jours à votre bonheur ; quels qu’en soient les moyens, soyez sûr de ma reconnaissance. » Il a paru surpris : j’ai frémi d’en avoir trop dit ; alors, tâchant de lui donner le change, j’ai attribué au bruit et au grand jour la faiblesse de ma tête, et j’ai demandé à rentrer chez moi. Il a prié Frédéric de lui aider à me soutenir. Je n’aurais pu refuser son bras sans éveiller des soupçons qu’il ne faut peut-être qu’un mot pour faire naître ; mais, Élise, te le dirai-je ? en levant les yeux sur Frédéric, j’ai cru y voir quelque chose de moins triste que d’attendri ; j’ai même cru y démêler un léger mouvement de plaisir… Ah ! je n’en doute plus ! ma faiblesse lui aura révélé mon secret. Mon trouble devant M. d’Albe ne lui