Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/255

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voyant plus à lire, me demande un peu de musique. J’y consens ; Frédéric m’apporte ma harpe : je chante, je ne sais trop quoi ; je me souviens seulement que c’était une romance, que Frédéric versait des pleurs, et que les miens, que je retenais avec effort, m’étouffaient en retombant sur mon cœur. À cet instant, Élise, un homme vient demander mon mari ; il sort : un instinct confus du danger où je suis me fait lever précipitamment pour le suivre ; ma robe s’accroche aux pédales, je fais un faux pas, je tombe : Frédéric me reçoit dans ses bras ; je veux appeler, les sanglots éteignent ma voix ; il me presse fortement sur son sein… À ce moment, tout a disparu, devoirs, époux, honneur ; Frédéric était l’univers, et l’amour, le délicieux amour, mon unique pensée. « Claire, s’est-il écrié, un mot, un seul mot, dis quel sentiment t’agite ? Ah ! lui ai-je répondu, éperdue, si tu veux le savoir, crée-moi donc des expressions pour le peindre ! » Alors je suis retombée sur mon fauteuil ; il s’est précipité à mes