Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/256

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pieds : je sentais ses bras autour de mon corps ; la tête appuyée sur son front, respirant son haleine, je ne résistais plus. « Ô femme idolâtrée ! a-t-il dit, quelles inexprimables délices j’éprouve en ce moment ! la félicité suprême est dans mon âme… Oui, tu m’aimes, oui, j’en suis sûr ; le délire du bonheur où je suis n’était réservé qu’au mortel préféré par toi. Ah ! que je l’entende encore de ta bouche adorée, ce mot dont la seule espérance a porté l’ivresse dans tous mes sens ! Si je t’aime, Frédéric ! oses-tu le demander ? imagine ce que doit être une passion qui réduit Claire dans l’état où tu la vois : oui, je t’aime avec ardeur, avec violence ; et, dans ce moment même, où j’oublie, pour te le dire, les plus sacrés devoirs, je jouis de l’excès d’une faiblesse qui te prouve celui de mon amour. » Ô souvenir ineffaçable de plaisir et de honte ! À cet instant les lèvres de Frédéric ont touché les miennes ; j’étais perdue, si la vertu, par un dernier effort, n’eût déchiré le voile de volupté dont j’étais enveloppée : m’arra-