Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/260

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le chasser de cet asile, ne plus l’espérer, ni le voir, ni l’entendre ! Eh ! quels sont les crimes qui ne seraient pas trop punis par de pareils sacrifices ? et comment ai-je mérité de me les imposer ? Retirée du monde, j’étais paisible dans ma retraite ; heureuse du bonheur de mon mari, je ne formais aucun desir : il m’amène un jeune homme charmant, doué de tout ce que la vertu a de grand, l’esprit d’aimable, la candeur de séduisant : il me demande mon amitié pour lui, il nous laisse sans cesse ensemble ; le matin, le soir, partout je le vois, partout je le trouve ; toujours seuls, sous des ombrages, au milieu des charmes d’une nature qui s’anime, il aurait fallu que nous fussions nés pour nous haïr, si nous ne nous étions pas aimés. Imprudent époux ! pourquoi réunir ainsi deux êtres qu’une sympathie mutuelle attirait l’un vers l’autre, deux êtres qui, vierges à l’amour, pouvaient en ressentir toutes les premières impressions sans s’en douter ! Pourquoi surtout les envelopper de ce dangereux voile d’amitié, qui devait être un si