Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous aviez placé dans votre cœur, empoisonnerait vos derniers jours ; je verrais votre visage vénérable, où ne se peignit jamais que la bienfaisance et l’humanité, altéré par le regret de n’avoir aimé que des ingrats, et couvert de la honte que j’aurais répandue sur lui ; je vous entendrais appeler une mort que le chagrin accélèrerait peut-être, et je joindrais ainsi au remords du parjure tout le poids d’un homicide. Ô misérable Claire ! ton sang ne se glace-t-il pas à l’aspect d’une pareille image ? Est-ce bien toi qui es parvenue à ce comble d’horreur ? et peux-tu te reconnaître dans la femme infidèle qui n’oserait avouer ce qui se passe dans son cœur sans porter la mort dans celui de son époux ? Quoi ! un pareil tableau ne te fera-t-il pas abjurer la détestable passion qui te consume ? ne te fera-t-il pas abhorrer l’odieux complice de ta faute, Frédéric ?… Frédéric ! qu’ai-je dit ? moi, le haïr ! moi, renoncer à ce bonheur pour lequel il n’est point d’expression ! à ce bonheur de l’entendre dire qu’il m’aime !