Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/263

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non ; ces élans, ces transports, ces émotions enchanteresses me rassurent contre le remords, et je me sens trop heureux pour me croire criminel. Ah ! laisse-moi retrouver ces instans où, t’enlaçant dans mes bras et respirant ton souffle, j’ai recueilli sur tes lèvres tout ce que l’immensité de l’univers et de la vie peut donner de félicité à un mortel.

Claire, tu m’as éloigné de toi, mais je ne t’ai point quittée ; mon imagination te plaçait sur mon sein, je t’inondais de caresses et de larmes ; ma bouche avide pressait la tienne : Claire ne s’en défendait point, Claire partageait mes transports ; sans autre guide que son cœur et la nature, elle oubliait le monde, ne sentait que l’amour, ne voyait que son amant ; nous étions dans les cieux. Ah ! Claire, ce n’est pas là qu’est le crime.

Claire, je t’idolâtre avec frénésie, ton image me dévore, ton approche me brûle ; trop de feux me consument : il faut mourir ou les satisfaire. Laisse-moi te voir, je t’en conjure, ne me fuis point, laisse-moi te