Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/265

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lir quelqu’un de tes mouvemens… J’écoute… Ô Claire ! Claire ! je n’en doute pas, j’ai entendu des sanglots. Mon amie, tu pleures ! qui peut donc causer ta peine[1] ? Quand je te dois un bonheur dont le reste du monde ne peut concevoir l’idée, puisque nul mortel ne fut aimé de toi, qui peut t’affliger encore ? Claire, que ton amour est faible, s’il te laisse une pensée ou un sentiment qui ne soit pas pour lui, et si sa puissance n’a pas anéanti toutes les autres facultés de ton âme ! Pour moi, il n’est plus de passé ni d’avenir : absorbé par toi, je ne vois que toi, je n’ai plus un instant de ma vie qui ne soit à toi ; tous les autres êtres sont nuls et anéantis ; ils passent devant moi comme des ombres : je n’ai plus de sens pour les voir, ni de cœur pour les aimer. Amitié, devoir, reconnaissance, je ne sens plus rien, l’amour, l’ardent amour a tout

  1. S’il ne faisait pas cette question, il serait un monstre ; car la folie de l’amour ne serait pas complète.