Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/27

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Pouvait-elle donner son admiration à des philosophes citadins qui ne connaissent de besoin que celui de parler ; qui s’acharnent au bien public sans intérêt ; qui ne font sentir le mal que par leurs réflexions ; enfin, qui, devant toute leur existence aux troubles de l’État, ne les fomentent ni ne les approuvent, et restent neutres pour avoir plus d’opinions ? Ce publiciste bénévole était jadis inconnu, ne respirant que dans un café ou au coin d’un arbre ; aujourd’hui c’est un personnage important, dont l’existence est si bien établie, qu’elle tient à n’en avoir aucune, et qui, sous mille formes et mille caractères, s’introduit éloquemment dans toutes les classes de la société. Madame Cottin n’aurait pas pu se défendre de sourire de pitié en voyant ce politique qui envisage tout en grand, qui voit l’Europe agitée dans le renvoi d’un commis, qui rêve paisiblement les guerres les plus sanglantes, et d’un coup de langue raccommode toutes les puissances ; qui fait ses délices des fausses nouvelles, parce qu’elles sont innombrables, et combat la vérité, parce qu’elle est une. Ayant plus étudié la puissance des souverains que leurs intérêts, il étale sans cesse la riche nomenclature de leurs