Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/26

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un grand prix à ce frivole avantage : on n’en trouverait peut-être pas une seule de vingt ans qui, possédant une éclatante beauté, consentît, si l’échange était possible, à la perdre, pour acquérir un trône.

Le cœur de madame Cottin avait conservé ce besoin de charité et de bienfaisance qu’elle ne pouvait plus satisfaire qu’avec le produit de ses ouvrages. Personne n’a su rendre avec plus d’énergie et de vérité que madame Cottin les sentimens divers qui agitent une âme livrée à une grande passion. On trouve dans ses romans peu de détails de mœurs, peu de portraits ; elle ne paraît pas même avoir essayé de peindre la société et ses ridicules. Son talent, quelque flexible qu’il fût, ne s’y serait peut-être pas prêté. Nous avons dit qu’elle vivait retirée en elle-même : c’était dans son âme qu’elle puisait les sentimens qu’elle savait si bien développer. Nous l’avons vu redouter et fuir le monde : elle n’avait jamais cherché à en étudier les travers. Sa mélancolie, son aversion pour la société, n’avaient point entaché son caractère de cette misanthropie qui repousse toute affection tendre. Elle éprouvait le besoin d’aimer et d’être aimée.