Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/270

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pectable que tu dois frémir de nommer ton père ? Ta main peut-elle presser la sienne sans être déchirée d’épines ? Enfin, n’as-tu rien senti en voyant hier des larmes dans ses yeux ? Ah, que n’ai-je pu les payer de tout mon sang ! tu étais agité, j’étais pâle et tremblante. Il a tout vu, il sait tout, c’en est fait, et l’innocent porte la peine due au vice… Malheureuse Claire ! était-ce donc pour empoisonner sa vie que tu juras de lui consacrer la tienne ? Femme perfide, te sied-il d’accuser un autre, quand tu es toi-même si coupable ? Frédéric, vous fûtes faible, et je suis criminelle. Il me semble que toute la nature crie après moi et me réprouve ; je n’ose regarder ni le ciel, ni vous, ni mon époux, ni moi-même. Si je veux embrasser mes enfans, je rougis de les presser contre un cœur d’où l’innocence est bannie ; les objets qui me sont le plus chers, sont ceux que je repousse avec le plus d’effroi… Toi-même, Frédéric, c’est parce que je t’adore, que tu m’es odieux ; c’est parce que je n’ai plus de forces pour te ré-