Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/273

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sans remords. Ô Frédéric, s’il est vrai que je te sois chère, apprends de moi à chérir assez notre amour pour ne le souiller jamais par rien de bas ni de méprisable. Si tu es tout pour moi, mon univers, mon bonheur, le dieu que j’adore ; si la nature entière ne me présente plus que ton image ; si c’est par toi seul que j’existe, et pour toi seul que je respire ; si ce cri de mon cœur, qu’il ne m’est plus possible de retenir, t’apprend une faible partie du sentiment qui m’entraîne, je ne suis point coupable. Ai-je pu l’empêcher de naître ? suis-je maîtresse de l’anéantir ? dépend-il de moi d’éteindre ce qu’une puissance supérieure alluma dans mon sein ? Mais, de ce que je ne puis donner de pareils sentimens à mon époux, s’ensuit-il que je ne doive point lui garder la foi jurée ? Oserais-tu le dire, Frédéric, oserais-tu le vouloir ? L’idée de Claire livrée à l’opprobre ne glace-t-elle pas tous tes desirs, et ton amour n’a-t-il pas plus besoin encore d’estime que de jouissance ? Non, non ; je la connais bien cette âme qui s’est