Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/277

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une solitude délicieuse, près d’une femme qui lui prodigue la plus tendre amitié, près d’une femme jeune et sensible, et qui l’a peut-être devancé dans un coupable amour. J’étais épouse et mère, Élise, et ni ce que je devais à mon époux, à mes enfans, ni respect humain, ni devoirs sacrés, rien ne m’a retenue ; j’ai vu Frédéric, et j’ai été séduite. Quand les titres les plus saints n’ont pu me préserver de l’erreur, tu lui ferais un crime d’y être tombé ! Quand tu me crois plus malheureuse que coupable, l’infortuné qui fut appelé ici comme une victime, et qui s’en arrache par un effort dont je n’aurais pas été capable peut-être, ne deviendrait pas l’objet de ta plus tendre indulgence et de ton ardente pitié ! Ô mon Élise ! recueille-le dans ton sein ; que ta main essuie ses larmes. Songe qu’à dix-neuf ans il n’a connu des passions que les douleurs qu’elles causent et le vide qu’elles laissent ; qu’anéanti par ce coup, il aurait terminé ses jours, s’il n’avait craint pour les miens. Songe, Élise, que tu lui dois ma vie… Tu