Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/279

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traordinaire ; je ne savais pas ce que je faisais, je ne me reconnaissais plus moi-même. Si tu pouvais voir comme je suis loin d’être triste, je n’éprouve pas non plus cette satisfaction douce et paisible qui naît de l’idée d’avoir fait son devoir, mais quelque chose de désordonné et de dévorant, qui ressemblerait à la fièvre, si je n’étais d’ailleurs en parfaite santé. Croirais-tu que je n’ai aucune impatience d’avoir de ses nouvelles, et que je suis aussi indifférente sur ce qui le regarde que sur tout le reste du monde ? Je t’assure, mon Élise, que ce départ m’a fait beaucoup de bien, et je me crois absolument guérie… N’est-ce pas ce matin qu’il nous a quittés ? Je ne sais plus comment marche le temps : il me semble que tout ce qui s’est passé dans mon âme depuis hier n’a pu avoir lieu dans un espace aussi court… Cependant il est bien vrai, c’est ce matin que Frédéric s’est arraché d’ici ; je n’ai compté que douze heures depuis son départ, pourquoi donc le son de l’airain a-t-il pris quelque chose de si