Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/287

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et je sais qu’il ne peut y avoir de paix, et par conséquent de bonheur pour vous, hors du sentier de l’innocence. — Que voulez-vous dire ? me suis-je écriée. — Claire, a-t-il répondu, vous me comprenez, et je vous ai devinée ; qu’il vous suffise de savoir que je suis content de vous, ne me questionnez pas davantage : à présent, mon amie, retirez-vous, et calmez, s’il se peut, l’excessive agitation de vos esprits. » Alors, sans ajouter un mot ni me faire une caresse, il est sorti de la chambre ; je suis restée seule : quel vide ! quel silence ! partout je voyais de lugubres fantômes, chaque objet me paraissait une ombre, chaque son un cri de mort ; je ne pouvais ni dormir, ni penser, ni vivre ; j’ai erré dans la maison pour me sauver de moi-même ; ne pouvant y réussir, j’ai pris la plume pour t’écrire : cette lettre du moins ira où il est, ses yeux verront ce papier que mes mains ont touché ; il pensera que Claire y aura tracé son nom, ce sera un lien, c’est le dernier fil qui nous retiendra au bonheur et à la vie… Mais