Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/292

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cause ne peut arrêter leur marche, à moins qu’on ne dessèche leur source ; mais si, remontant pour ainsi dire vers le point visuel de leur existence, vous parvenez, en l’effaçant entièrement, à ébranler l’autel qu’elles se sont créé, vous les précipitez dans un vague où elles se perdent pour jamais : car, après l’appui qu’elles ont perdu, elles ne peuvent plus en trouver d’autre : elles aimeront toujours le bien ; mais ne croyant plus à sa réalité, elles n’auront plus de forces pour le faire ; et cependant comme cet aliment seul était digne de les nourrir, et qu’après lui l’univers ne peut rien offrir qui leur convienne, elles languissent dans un dégoût universel, jusqu’à l’instant où le Créateur les réunit à leur essence.

Mon cousin, je ne risque rien à vous montrer Claire telle qu’elle est ; dans aucun moment elle ne perdra à se laisser voir en entier, et il n’est point de faiblesse que ses angéliques vertus ne rachètent. J’oserai donc tout vous dire : le mépris qu’elle concevra pour Frédéric pourra lui arracher la