Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/296

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couvert de sang ; des artères, comprimées par la violence de la douleur, s’étaient brisées dans sa poitrine. J’ai fait appeler des secours, et, d’après ce qu’on m’a dit, il est possible que cette crise de la nature, en l’affaiblissant beaucoup, contribue à le sauver : je réponds de lui si je peux l’amener à l’attendrissement ; mais comment l’espérer, si un mot de Claire ne vient lui demander des larmes ? Car il ne peut plus en verser que pour elle.

Mon ami, en vous ouvrant tout mon cœur sur ce sujet, je vous ai donné la plus haute preuve d’estime qu’il soit possible de recevoir : de pareilles vérités ne pouvaient être entendues que par un homme assez grand pour se mettre au-dessus de ses propres passions, afin de juger celles des autres ; assez juste pour que ce qu’il y a de plus vif dans l’intérêt personnel ne dénature pas son jugement ; assez bon pour que le mal dont il souffre n’endurcisse pas son cœur contre ceux qui le lui causent, et il n’appartenait qu’à l’époux de Claire d’être cet homme-là.