Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/295

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toutes les vertus, peu à peu la vérité saura briser l’idole et se substituer à sa place.

Frédéric est arrivé hier ; j’avais du monde chez moi, je me suis esquivée pour l’aller recevoir ; je voulais qu’il ne parût point, qu’il restât dans son appartement, parce que je sais que, dans les passions extrêmes, l’instinct dicte des cris, des mouvemens et des gestes qui donnent un cours aux esprits, et font diversion à la douleur ; mais il s’est refusé à tous ces ménagements. « Non, m’a-t-il dit, au milieu du monde, comme ici, partout je suis seul ; elle n’y est plus. » Il est descendu avec moi ; son regard avait quelque chose de si sinistre, que je n’ai pu m’empêcher de frémir en lui voyant manier des pistolets qu’il sortait de la voiture. Il a deviné ma pensée : « Ne craignez rien, m’a-t-il dit avec un sourire affreux, je lui ai promis de n’en pas faire usage. » Le reste de la soirée il a paru assez tranquille ; cependant je ne le perdais pas de vue : tout à coup je me suis aperçue qu’il pâlissait, sa tête a fléchi, et en un instant il a été