Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/298

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égaremens. Je m’indigne comme vous du pouvoir de l’imagination, qui, à l’aide de sophismes adroits et touchans, nous fait pardonner des choses qui feraient horreur si on les dépouillait de leur voile. Ainsi, ne croyez pas que si je voyais Claire chercher des illusions pour colorer ses torts, ma lâche complaisance autorisât son erreur ; mais l’infortunée a senti toute l’étendue de sa faute, et son cœur gémit écrasé sous ce poids. Ah ! que pouvons-nous lui dire dont elle ne soit pénétrée ? Qui peut la voir plus coupable qu’elle ne se voit elle-même ? Accablée de vos bontés et de votre indulgence, tourmentée du remords affreux d’avoir empoisonné vos jours, elle voit avec horreur ce qui se passe dans son âme, et tremble que vous n’y pénétriez ; et ne croyez pas que cet effroi soit causé par la crainte de votre indignation : non, elle ne redoute que votre douleur. Si elle ne pensait qu’à elle, elle parlerait ; il lui serait doux d’être punie comme elle croit le mériter, et les reproches d’un époux outragé l’aviliraient moins à