Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/299

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son gré qu’une indulgence dont elle ne se sent pas digne ; mais elle croit ne pouvoir effacer sa faiblesse qu’en l’expiant, ni s’acquitter avec la justice, qu’en portant seule tout le poids des maux qu’elle vous a faits.

Sa dernière lettre me dit qu’elle commence à soupçonner fortement que vous êtes instruit de tout ce qui se passe dans son cœur ; mais elle ne rompra le silence que quand elle en sera sûre. Croyez-moi, allez au-devant de sa confiance ; relevez son courage abattu, joignez à la délicatesse qui vous a fait attendre pour le départ de Frédéric qu’elle l’eût décidé elle-même, la générosité qui ne craint point de le montrer aussi intéressant qu’il l’est ; qu’elle vous voie enfin si grand, si magnanime, que ce soit sur vous qu’elle soit forcée d’attacher les yeux pour revenir à la vertu. Enfin, si les conseils de mon ardente amitié peuvent ébranler votre résolution, le seul artifice que vous vous permettrez avec Claire, sera de lui dire que je vous avais suggéré l’idée de la tromper ; mais que l’opinion que vous