Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/302

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ment ? Il eût été beau de le pouvoir, il était insensé de le risquer, et vous deviez songer que toute force employée à combattre la nature, succombe tôt ou tard. Dans une pareille situation, il n’y avait qu’une femme supérieure à tout son sexe, qu’une Claire enfin, qui pût rester honnête ; mais, pour n’être pas sensible, ô mon imprudent ami ! il fallait être un ange !

En vous engageant à n’user d’aucune réserve avec Claire, je ne vous peins que les avantages qui doivent résulter de la franchise : mais qui peut nombrer les terribles inconvéniens de la dissimulation, s’ils viennent à la découvrir ? et c’est ce qui arrivera infailliblement, quels que soient les moyens que nous emploierons pour les tromper ; deux cœurs animés d’une semblable passion ont un instinct plus sûr que notre adresse ; ils sont dans un autre univers, ils parlent un autre langage ; sans se voir ils s’entendent, sans se communiquer ils se comprennent ; ils se devineront et ne nous croiront pas. Prenez garde de mettre la vé-