Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/320

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opiniâtreté : comment s’en étonner ? Claire lui ordonna ce travail.

Il a reçu hier votre lettre, celle où, sans lui parler directement de votre femme, vous la lui peignez à chaque page, gaie et tranquille. J’ignore l’effet que ces nouvelles ont produit sur lui, il ne m’en a rien dit ; j’observe seulement que son regard est plus sombre, et son silence plus absolu : il concentre toutes ses sensations en lui-même, rien ne perce, rien ne l’atteint, rien ne le touche. Ce matin, tandis qu’il travaillait auprès de moi, pour le tirer de sa morne stupeur, j’ai sorti le portrait de Claire de mon sein, et l’ai posé auprès de lui : son premier mouvement a été de me regarder avec surprise, comme pour me demander ce que cela signifiait ; et puis, reportant ses yeux sur l’objet qui lui était offert, il l’a contemplé long-temps ; enfin, me le rendant avec froideur : « Ce n’est pas elle, » m’a-t-il dit, puis il s’est tu, et s’est remis à l’ouvrage. Quelques heures se sont passées dans un mutuel silence ; il ne me questionne que sur