Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/321

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mes affaires ; si je l’interroge sur tout autre sujet que Claire, il n’a pas l’air de m’entendre, ou bien il me répond par un signe ou un monosyllabe ; j’écarte avec grand soin toute conversation tendant à une entière confiance, car je ne me sentirais pas la force de continuer à le tromper. À chaque instant la pitié m’entraîne à lui ouvrir mon cœur ; c’est un besoin qui s’accroît de jour en jour, et mon courage n’est pas à l’épreuve de sa douleur : je n’ai pourtant rien dit encore ; mais il ne faut peut-être qu’un mot de sa part, qu’un instant d’épanchement pour m’arracher votre secret ! Ah ! mon cousin, pardonnez mon incertitude ; mais voir souffrir un malheureux, pouvoir le soulager d’un mot, et se taire, c’est un effort auquel je ne peux pas espérer d’atteindre. Puis-je même le desirer ? Voudrais-je étouffer dans mon âme cet ascendant qui nous pousse à adoucir les maux d’autrui ? Ah ! si c’est là une faiblesse, je ne sais quel courage la vaudrait ! Il y a une heure que j’étais avec Frédéric ; les cris