Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/340

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tu du céleste séjour pour m’apprendre que ma dernière heure approche ? et es-tu l’ange destiné à me guider vers l’éternelle région ? — Qu’ai-je entendu ? lui répond Frédéric, est-ce toi qui me méconnais ? Claire, ton cœur est-il donc changé comme tes traits, et reste-t-il insensible auprès de moi ? — Quoi ! il se pourrait que tu sois toujours Frédéric ! s’écrie-t-elle ; mon Frédéric existerait encore ? On me l’avait dit perdu, l’amitié m’aurait-elle donc trompée ? — Oui, interrompit-il avec véhémence, une affreuse trahison me faisait paraître infidèle à tes yeux, et te peignait à moi gaie et paisible ; on nous faisait mourir victimes l’un de l’autre, on voulait que nous enfonçassions mutuellement le poignard dans nos cœurs. Crois-moi, Claire, amitié, foi, honneur, tout est faux dans le monde ; il n’y a de vrai que l’amour ; il n’y a de réel que ce sentiment puissant et indestructible qui m’attache à ton être, et qui dans ce moment même te domine ainsi que moi : ne le combats plus, ô mon âme ! livre-toi