Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/341

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à ton amant, partage ses transports, et sur les bornes de la vie où nous touchons l’un et l’autre, goûtons, avant de la quitter, cette félicité suprême qui nous attend dans l’éternité. » Frédéric dit, et saisissant Claire, il la serre dans ses bras, il la couvre de baisers, il lui prodigue ses brûlantes caresses ; l’infortunée, abattue par tant de sensations, palpitante, oppressée, à demi-vaincue par son cœur et par sa faiblesse, résiste encore, le repousse et s’écrie : « Malheureux ! quand l’éternité va commencer pour moi, veux-tu que je paraisse déshonorée devant le tribunal de Dieu ! Frédéric, c’est pour toi que je t’implore, la responsabilité de mon crime retombera sur ta tête. — Eh bien ! je l’accepte, interrompit-il d’une voix terrible, il n’est aucun prix dont je ne veuille acheter la possession de Claire ; qu’elle m’appartienne un instant sur la terre, et que le ciel m’écrase pendant l’éternité. » L’amour a doublé les forces de Frédéric, l’amour et la maladie ont épuisé celles de Claire. Elle n’est plus à elle, elle