Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/345

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le condamnes à un exil éternel ! toi, enfin, dont la haine l’a proscrit de la surface du monde, ô Claire ! avant que l’immensité nous sépare à jamais, avant que le néant soit entre nous deux, que j’entende encore ton accent, et au nom du tourment que j’endure, que ce soit un accent de pitié !… » Il se tait, il ne respire pas, il étouffe les horribles battemens de son cœur pour mieux écouter ; il attend la voix de Claire… Enfin ces mots faibles, tremblans, et qui percent à peine le repos universel de la nature, viennent frapper ses oreilles et calmer ses sens : Va, malheureux, je te pardonne.

L’indignation avait ranimé les forces de Claire, l’attendrissement les anéantit : subjuguée par l’ascendant de Frédéric, à l’instant où, en lui pardonnant, elle sentit qu’elle l’aimait encore, elle tomba sans mouvement sur les degrés de l’autel.

Cependant M. d’Albe qui n’avait point reçu la lettre d’Élise, et qui était sorti pour quelques heures, apprend à son retour que