Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/348

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mande point d’indulgence, ni lui ni moi n’avons droit d’y prétendre : il est des crimes que la passion n’excuse pas, et que le pardon ne peut atteindre… » Elle se tait. En l’écoutant, l’âme d’Élise se ferme à toute espérance, elle est sûre que son amie ne survivra pas à sa honte.

M. d’Albe, consterné de ce qu’il entend, ne repousse pas néanmoins la main qui l’a trahi. « Claire, lui dit-il, votre faute est grande sans doute ; mais il vous reste encore assez de vertus pour faire mon bonheur ; et le seul tort que je ne vous pardonne pas, est de souhaiter une mort qui me laisserait seul au monde. » À ces mots, sa femme lève sur lui un œil attendri et reconnaissant : « Cher et respectable ami, lui dit-elle, croyez que c’est pour vous seul que je voudrais vivre, et que mourir indigne de vous est ce qui rend ma dernière heure si amère. Mais je sens que mes forces diminuent, éloignez-vous l’un et l’autre, j’ai besoin de me recueillir quelques momens, afin de vous parler encore. »