Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/349

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Élise ferme doucement le rideau, et ne profère pas une parole ; elle n’a rien à dire, rien à demander, rien à attendre : l’aveu de son amie lui a appris que tout était fini, que l’arrêt du sort était irrévocable, et que Claire était perdue pour elle.

M. d’Albe, qui la connaît moins, s’agite et se tourmente ; plus heureux qu’Élise, il craint, car il espère ; il s’étonne de la tranquillité de celle-ci, sa muette consternation lui paraît de la froideur, il le dit et s’en irrite. Élise, sans s’émouvoir de sa colère, se lève doucement, et l’entraînant hors de la chambre : « Au nom de Dieu ! lui dit-elle, ne troublez pas la solennité de ces moments par de vains secours qui ne la sauveront point, et calmez un emportement qui peut rompre le dernier fil qui la retient à la vie. Craignez qu’elle ne s’éteigne avant de nous avoir parlé de ses enfans ; sans doute son dernier vœu sera pour eux ; tel qu’il soit, fût-il de lui survivre, je jure de le remplir. Quant à son existence terrestre, elle est finie ; du moment que Claire fut