Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/351

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« Ne vous reprochez point, leur dit-elle, de m’avoir déguisé la vérité, votre motif fut bon, et ce moyen pouvait seul réussir ; sans doute il m’eût guérie, si l’effrayante fatalité qui me poursuit n’eût renversé tous vos projets. » Élise ne répond rien, elle sait que Claire ne dit cela que pour calmer leur conscience agitée, et elle ne se justifie pas d’un tort qui retomberait en entier sur M. d’Albe ; mais celui-ci s’accuse, il rend à Élise la justice qui lui est due, en apprenant à Claire qu’elle n’a cédé qu’à sa volonté. Elle est dédommagée de sa droiture ; un léger serrement de main que M. d’Albe n’aperçoit pas, la récompense sans le punir. Claire reprend la parole. « Ô mon ami ! dit-elle en regardant tendrement son mari ; nul n’est ici coupable que moi ; vous, qui n’eûtes jamais de pensées que pour mon bonheur, et que j’offensai avec tant d’ingratitude, est-ce à vous à vous repentir ? » M. d’Albe prend la main de sa femme et la couvre de larmes ; elle continue : « Ne pleurez point, mon ami, ce n’est pas à pré-