Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/352

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sent que vous me perdez ; mais quand, par une honteuse foiblesse, j’autorisai l’amour de Frédéric ; quand par un raisonnement spécieux je manquai de confiance en vous pour la première fois de ma vie ; ce fut alors que, cessant d’être moi-même, je cessai d’exister pour vous ; dès l’instant où je m’écartai de mes principes, les anneaux sacrés qui les liaient ensemble se brisèrent, et me laissèrent sans appui dans le vague de l’incertitude ; alors la séduction s’empara de moi, fascina mes yeux, obscurcit le sacré flambeau de la vertu, et s’insinua dans tous mes sens ; au lieu de m’arracher à l’attrait qui m’entraînait, je l’excusai, et dès lors la chute devint inévitable. Ô toi, mon Élise ! continua-t-elle avec un accent plus élevé, toi qui vas devenir la mère de mes enfans, je ne te recommande point mon fils, il aura les exemples de son père ; mais veille sur ma Laure, que son intérêt l’emporte sur ton amitié. Si quelques vertus honorèrent ma vie, dis-lui que ma faute les effaça toutes ; en lui racontant la cause