Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même, la satisfaction éclate dans ses yeux ; tantôt il la manifeste étourdiment de bonne foi ; tantôt il la contient sous un sérieux composé, afin d’ajouter encore à la jouissance de son mérite par le sentiment d’une modération héroïque. Au bout de deux cents ans de vie, et sans sortir de la cité, il trouverait encore à s’étonner. Comme il ne classe point ses idées, comme il n’en généralise aucune, tout est détaillé pour lui dans l’univers, tout est piquant, tout est phénomène ; sa vie est une enfance prolongée ; son œil est un verre officieux qui ne transmet jamais à sa pensée qu’un ou deux objets à la fois ; s’il rentre au dedans de lui-même, il y trouve un hôte affectueux qui l’honore et le considère, toujours courtois, toujours poli, toujours prêt à lui faire fête : pour lui, la perfection est un globe parfait qui tourne sans cesse sur lui-même ; placé au sommet, il se flatte d’y marcher sur la tête de ses semblables : rien ne saurait troubler la sérénité de son âme ; il ne connaît ni l’envie ni la jalousie. Comme il met sa gloire à des riens, il trouve place en tous lieux pour elle. Un enfant qui tombe, un papillon qui vient brûler ses ailes à la chandelle, tout réveille en lui l’idée de sa supério-