Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/54

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rait et mûrissait les sujets qu’elle se proposait de traiter ; mais lorsqu’elle prenait la plume, elle écrivait avec une prodigieuse facilité, et son travail n’était jamais arrêté par l’embarras de rendre ses idées. Si cette rapidité de composition donnait de la chaleur et du mouvement à son style, elle ne lui permettait pas d’y mettre cette pureté et ce fini qui caractérisent nos grands écrivains. On remarque dans ses ouvrages des incorrections, des tournures forcées : quelquefois l’expression même est hasardée et bizarre ; mais quelquefois aussi cette bizarrerie ajoute à l’énergie de l’expression : une expression moins hasardée eût peut-être été moins forte. Dans Claire d’Albe, dans Malvina, dans Amélie Mansfield, dans Mathilde, c’étaient les agitations du cœur, les égaremens ou les faiblesses de l’amour, qu’elle avait peints ; dans Élisabeth ou les Exilés de Sibérie, c’est la vertu la plus pure, la plus héroïque, qui brille dans tout son éclat, et qui se montre sans aucun mélange. Le début de ce roman commence par une description des déserts de la Sibérie ; cette description est de la plus grande beauté : elle a un ton sévère parfaitement assorti au sujet. L’auteur est véritablement ori-